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À ceux qui pensent que je suis antisémite

mardi 21 novembre 2023, par marie

Billet originellement publié sur le blog de Mediapart


Sionisme ? Antisionisme ? Antisémitisme ? Boycott ? On peut être contre le mouvement sioniste en exécrant l’antisémitisme. Oui, on peut être contre tous les racismes en soutenant la lutte contre la colonisation et la destruction de masse du peuple palestinien !

Le mouvement de Boycott (BDS) a été lancé en 2005 en Israël et en Palestine. L’idée est simple : comme en Afrique du sud, tant qu’Israël maintiendra un peuple sous occupation et ne respectera pas le droit international et les résolutions de l’ONU, la société civile appellera à un boycott des produits du commerce, à un désinvestissement (par exemple, sur les grands groupes qui investissent dans la colonisation) et à des sanctions internationales. Ce n’est pas un appel à boycotter les juifs ! C’est tout l’art de la manipulation de ce pays qu’est Israël : utiliser l’antisémitisme européen, utiliser la culpabilité des européens par rapport au monstrueux génocide de la Shoah pour empêcher toute justice en Palestine.

Le Hamas est un groupe Palestinien, il n’est pas affilié au Hezbollah, ni au Djiad islamique. C’est la branche armée d’un parti politique qui est né en 1987, à Gaza. Au plan diplomatique, suite à la guerre de 1967 et à l’occupation illégale par Israël des terres conquises par la guerre, deux évènements majeurs avaient marqué la fin des années soixante-dix :

 L’un, en 1977 quand les pourparler entre Alnouar Al Sadate, alors président Égyptien, et Menhaem Begin (Likoud) : Territoires contre Paix, n’ont pas permis l’arrêt de la colonisation : implantations sauvages dans la vallée du Jourdain, montée des extrémismes juifs orthodoxes et expansionnisme religieux avec la bible pour cadastre : Le rabbin Abraham Issac Kook, ou Meher Kahan soutiennent l’idée d’un théocratie juive de la mer au Jourdain, voir à s’étendre au Liban et en Syrie. À cette époque, la lutte pour le peuple palestinien et pour les droits à rester sur leurs terres est essentiellement laïque : l’OLP de Yasser Arafat est néanmoins pourchassée, vidée de sa substance et Yasser Arafat mourra, des années plus tard, dans de mystérieuses conditions.

 L’autre, plus tard entre 1987 et 1993, avec le processus d’Oslo : c’est la fin de l’OLP et la dégringolade du Fatah, crée en 1959 et qui vise une Palestine démocratique et multiconfessionnelle et c’est la la création de l’Autorité Palestinienne.

Le parti islamiste Hamas est crée par Cheick Yacine. La première charte du Hamas est à vomir : antisémite jusqu’au bout des ongles ! Des combats sanglants, une guerre civile a Gaza, la première Intifada, en 1987, amènent les Palestiniens de Gaza à s’entretuer entre sympathisants du Hamas attirés par le nationalisme religieux et les sympathisants du Fatah. Israël profite de la situation pour imposer un blocus mortifère.

Car en Israël, mieux vaut le Hamas que le Fatah : la religion, c’est l’opium du peuple, et on s’entendra mieux avec des religieux qu’avec des démocrates multiconfessionnels !!

On retrouve ce schéma, à la fin des années 80, partout dans le monde suite à la chute de l’Empire Soviétique : les talibans, en Afghanistan, c’est mieux que les socialistes !

Le Hamas change un peu sa charte en 2000 et il est élu démocratiquement en 2006 à Gaza. Le blocus de Gaza est imposé par Israël : toutes les colonies à Gaza sont démantelées, et un blocus qui va durer jusqu’à l’anéantissement d’aujourd’hui, est imposé.

La religion est instrumentalisée pour servir les intérêts coloniaux d’Israël. Il vaut mieux faire croire au monde qu’on commet des exactions pour lutter "contre la terreur islamiste", plutôt que d’avouer qu’on veut voler toute la terre !

La bande de Gaza, sous contrôle israélien, est maintenant sous blocus. Deux millions de personnes sont enfermés dans un espace de 350km². C’est ainsi que fonctionnent les sociétés colonisatrices : elles contrôlent un espace et cet espace est administré par une entité "élue" - Israël a choisi que ce soit le Hamas - et elle fait capoter toutes les négociations : camp David, Accords d’Oslo et n’a jamais arrêtée la colonisation. La Palestine n’a jamais pu avoir son état, la ligne verte a été contournée, des colonies ont été autorisés partout, Gaza entourée d’un mur, fermée par des checkpoints, sous blocus, les Bédouins sont chassées de leurs terre.

La même horrible technique avait été utilisée à Sabrah et Chatillah : quand Israël soutient les phalanges chrétiennes intégristes à Beyrouth et que celles-ci massacrent des milliers de Palestiniens dans le camp (on ne saura jamais vraiment combien) sous l’œil de "l’armée la plus juste du monde" et que les israéliens appellent "Tsahal". Les intégristes religieux sont les amis du Likoud, et l’armée laisse faire !

Mais après, même avec Shimon Perez, de gauche et/ou centriste, la colonisation continue malgré l’opposition des ministres (à Sebastia* par exemple).

Qu’un gouvernement soit de gauche ou de droite, si il perpétue la colonisation au détriment d’un peuple indigène, il doit être combattu : de manière pacifique par le boycott, le rapport de force, et les sanctions. Je ne me prononce pas sur la lutte armée, je n’aime pas les armes ni la guerre. Maintenant, je vais citer quelques sources, la plupart juives, pour montrer que ceci n’est pas une guerre de religion :

Ces remarques des journaux sont faites à l’issue de la parution du livre de Charles Enderlin (journaliste franco-israélien) : Le Grand Aveuglement : Israël et l’irrésistible ascension de l’islam radical Broché – 14 octobre 2009.

« Incroyable récit que cette montée des intégristes appuyée par leurs pires ennemis. » Claude Angeli, Le Canard Enchainé.

« En encourageant le développement à Gaza de la branche la plus extrémiste des Frères musulmans, Israël a joué avec le feu pendant près de deux décennies. »

Les gouvernements successifs à Tel-Aviv n’ont-ils pas longtemps cru que le Cheikh Yassine, fondateur du Hamas, pouvait être « l’antidote à l’OLP » ? Il est vrai qu’à l’époque, les États-Unis eux-mêmes, en finançant et en armant les moudjahidines afghans, avaient grandement sous-estimé la menace islamiste. Ni la CIA ni les services de renseignement israéliens n’ont pris alors la peine d’analyser - voire de traduire - les textes diffusés par ces organisations. Ils découvriront trop tard qu’ils ont, de fait, participé à la création du Hamas et d’Al-Qaïda. Dans ce nouveau document d’enquête, l’auteur du Rêve brisé (2002) et des Années perdues (2006), correspondant permanent de France 2 à Jérusalem, raconte, à partir de sources exceptionnelles et souvent exclusives, l’incompréhension, l’aveuglement, le double-jeu parfois des services de renseignement et des politiques à Jérusalem, à Tel-Aviv et à Washington. Il décrit aussi comment l’occupation israélienne, le développement de la colonisation dans les territoires palestiniens et la politique américaine au Proche-Orient ont fait le lit de l’Islam radical. Autant de leçons d’histoire à méditer par tous ceux qui prétendent œuvrer à une paix juste et durable dans la région.

« Un livre passionnant sur les relations des Israéliens et des Américains avec l’Islam. »
Laurent Zecchini, Le Monde.

Les derniers articles du quotidien Haaretz font état de dysfonctionnements terrible le 7 octobre, lors des massacres commis par le Hamas.

Voici une traduction faite par DeepL d’un article original de Haaretz :

Les services de sécurité israéliens estiment de plus en plus que les terroristes du Hamas qui ont commis le massacre du 7 octobre n’avaient pas connaissance à l’avance du festival de musique Nova qui se tenait à proximité du kibboutz Re’im, et qu’ils ont décidé de prendre la fête pour cible de manière spontanée. Selon la police, 364 personnes ont été assassinées lors du festival. Ce bilan s’appuie notamment sur les interrogatoires des terroristes et sur l’enquête menée par la police sur l’incident, qui révèlent que les terroristes avaient l’intention d’infiltrer Re’im et d’autres kibboutzim proches de la frontière de Gaza. Selon une source policière, l’enquête indique également qu’un hélicoptère de combat de l’IDF qui est arrivé sur les lieux et a tiré sur les terroristes a apparemment également touché des participants au festival. De hauts responsables des services de sécurité estiment que le Hamas a appris l’existence de la fête par l’intermédiaire de drones ou de parachutes, et qu’il a dirigé les terroristes vers le lieu de la fête grâce à son système de communication. Dans une vidéo provenant des caméras corporelles de l’un des terroristes, on l’entend demander à un citoyen capturé de lui indiquer la direction à prendre pour se rendre à Re’im. Selon la police et d’autres hauts responsables des services de sécurité, l’une des constatations renforçant cette évaluation est que les premiers terroristes sont arrivés sur les lieux par la route 232, et non par la direction de la frontière. En outre, selon des sources policières, la fête était initialement prévue pour le jeudi et le vendredi, un jour supplémentaire, le samedi, n’ayant été ajouté que le mardi de cette semaine-là, à la demande des organisateurs. Ce changement de dernière minute renforce l’hypothèse selon laquelle le Hamas n’était pas au courant de l’évènement. « Selon nos estimations, quelque 4 400 personnes ont participé à l’évènement, dont la grande majorité a réussi à s’enfuir après la décision de dispersion prise quatre minutes après l’attaque à la roquette », a déclaré une source policière de haut rang. L’analyse de la police montre que de nombreux participants au festival ont réussi à fuir parce qu’il avait été décidé de mettre fin à la fête une demi-heure avant que les premiers coups de feu ne soient entendus.

Voici le lien vers l’article de Haaretz :
Israeli security establishment : Hamas likely didn’t have prior knowledge of Nova festival

Jusqu’où tout cela mènera-t-il ? je ne sais pas. Mes amies à Gaza souffrent, sans maison, coincées contre la frontière Égyptienne, mes amies juives souffrent, on nous montent les unes contre les autres. Ceci n’est pas une guerre de religion, ceci est une guerre contre la colonisation. Les israéliens et les palestiniens doivent pouvoir vivre ensemble, selon leur choix, dans un état ou dans deux, mais dans le respect des cultes et des droits de l’homme, c’est tout et vive les femmes !

Résolutions de l’ONU stipulant à Israël que cela suffit, qu’il faut cesser ! Résolutions jamais respectées ! Il y en a eu 140.