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La France menace d’expulser une famille gazaouie
jeudi 8 février 2024
Alors que la Cour Internationale de Justice a averti contre le risque d’un génocide à Gaza, la France s’apprête à déporter dans le territoire en guerre une famille entière avec trois enfants, signant en réalité leur arrêt de mort.
Selon un article d’Ouest-France, la préfecture d’Ille-et-Vilaine ne s’oppose pas à l’expulsion de Shaden et Ibrahim Awad, originaire de Khan Yunis à Gaza, ainsi que de leurs trois enfants de 7, 5 et 3 ans.
Alors que la famille vit déjà dans l’angoisse de perdre chaque jour un proche sur place, elle risque maintenant de se trouver confrontée au même sort. « Nos familles n’ont plus de toit, elles ont fui vers le sud de la Bande de Gaza, où 2,5 millions de personnes s’entassent, sans nourriture, sans eau ni électricité », témoignent Shaden et Ibrahim Awad pour Ouest-France.
Cette famille gazaouie avait réussi à échapper aux bombardements israéliens de 2014, mais en 2018, les autorités françaises leur ont refusé le droit d’asile, les laissant sans statut légal et les empêchant de travailler.
Malgré huit années passées en France, deux masters, des expériences professionnelles, trois enfants scolarisés et une promesse d’embauche, la préfecture a émis une obligation de quitter le territoire en mai 2023 (OQTF), arguant que leurs circonstances ne justifient pas leur admission au séjour. Quant aux promesses d’embauche, le préfet estime que rien n’empêche les futurs employeurs de s’adresser directement aux autorités françaises à Jérusalem pour une demande d’introduction d’un travailleur étranger.
Les bénévoles qui les soutiennent à Rennes avouent naïvement penser que les arrêtés seraient abrogés en raison de la situation en Palestine depuis le 7 octobre 2023. En février 2024, ils risquent pourtant d’être déportés à Gaza.
La préfecture d’Ille-et-Vilaine a fixé la Palestine comme pays de renvoi malgré la situation humanitaire et a estimé que le couple pouvait s’installer en Cisjordanie occupée où la situation "serait plutôt stable". Pourtant, la situation en Cisjordanie occupée ne cesse aussi de se dégrader.
Cette situation n’est pas une première. En juin 2023, à Lille, Waleed Aboudipaa, un professeur palestinien de français de 38 ans, a reçu une obligation de quitter le territoire de la préfecture du Nord. Le 10 novembre 2023, c’est Mariam Abu Daqqa, une militante du Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP), qui a été expulsée après avoir été arrêtée alors qu’elle devait donner des conférences en France.