Le témoignage de Ziad

Ziad Medoukh, écrivain d’expression française, diplômé de l’université de Paris VIII, a fondé le département de français et le Centre de la paix de l’université Al-Aqsa de Gaza. Il a été récompensé pour ses actions en faveur de la paix, de la liberté, des droits humains et de la francophonie. Premier Palestinien chevalier de l’Ordre des Palmes académiques de la République française, il nous livre ce témoignage.

Son témoignage complet peut être lu ici.

Après quatre mois depuis le début de cette agression horrible contre la population civile de la bande de Gaza, la situation est de plus en plus catastrophique. Il n’ y a rien : ni nourriture, ni eau, ni médicaments, ni électricité, ni gaz , ni lait, ni pain, ni fruits, ni légumes, ni viande, ni poulet, ni poisson, ni moyens de transport, ni logement et ni perspectives !

Des milliers d’élèves et d’étudiants sont privés de leurs cours ! Des milliers de fonctionnaires, d’employés et d’ouvriers sont privés de leur travail et de leurs salaires ! Rien ne fonctionne à Gaza : aucune administration et aucun commerce ! Je suis malheureux, je souffre au quotidien comme tous les habitants de cette région dévastée et laissée à son sort par une communauté internationale officielle complice...

Et je suis en train de supporter l’insupportable !

C’est vrai que j’ai vécu beaucoup de guerres et de carnages, mais je n’ai jamais vécu une situation horrible comme celle-ci ! Je suis devenu sans domicile et sans-abri, déplacé d’une maison à une autre chez des proches et des cousins. Les bombardements se poursuivent jour et nuit dans cette prison à ciel ouvert où les chars peuvent arriver n’importe quand. Dans chaque foyer il y de 30 à 40 personnes. Après la destruction de mon appartement, je n’ai rien pu récupérer : ni mes vêtements, ni mes diplômes, ni mes livres , mes recherches et mes cours.

Les produits essentiels manquent car depuis 4 mois rien n’entre à Gaza. Selon un dernier rapport des Nations-Unies début janvier 2024, 90% des habitants de Gaza souffrent de l’insécurité alimentaire : les gens ici ont commencé à mourir de faim !

L’eau potable n’arrive plus dans les robinets et on l’achète très cher à quelques stations qui fonctionnent encore.

La situation sanitaire est dramatique, aucun hôpital ne fonctionne ; il y a seulement trois cliniques dans la ville de Gaza où se trouvent 300.000 habitants et déplacés ; dans chaque clinique il y a cinq ou six médecins bénévoles débordés qui reçoivent 5000 patients par jour, sans médicaments.

« L’armée la plus morale au monde » a assassiné 27.000 Palestiniens de Gaza dont 22.000 enfants et femmes et en a blessé 70.000. Sans oublier la destruction de presque 65% des infrastructures civiles.

C’est de la folie meurtrière dans l’impunité totale sans aucune réaction internationale officielle.

Décembre a été un mois noir pour moi avec l’assassinat de mon frère et toute sa famille. Je n’en reviens pas d’être toujours vivant, car je vois la mort mille fois chaque jour, même si je n’ai pas peur de la mort.

Je n’ai pas de haine...

Amitiés palestiniennes de Gaza qui n’est plus Gaza et de Ziad qui n’est plus Ziad.

Les palestiniens et palestiniennes de Gaza, malgré leur colère et leur malheur apprécient beaucoup les manifestations de solidarité partout dans le monde pour dénoncer ce génocide !