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Gaza n’est pas une « chose », Monsieur le Président !

samedi 15 février 2025

Le 21 janvier 2025 des Palestiniens déplacés retrouvent leurs habitations complètement détruites et des scènes apocalyptiques de dévastation à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, après le retrait des forces coloniales israéliennes à la suite de l’accord de cessez-le-feu. Les attaques génocidaires d’Israël ont détruit ou endommagé environ 92 % des unités résidentielles. Selon la défense civile de Gaza, chiffres corroborés par The Lancet, plus de 10 000 corps restent coincés sous les décombres des bâtiments détruits, et des dizaines de corps ont été récupérés au cours des deux premiers jours.

Gaza n’est pas une « chose », Monsieur le Président !
Par Malak Hijazi écrivaine qui vit à Gaza : extraits (Texte intégral : https://www.chroniquepalestine.com › gaza-n-est-pas-une-chose-monsieur-le-president)

Il semble que ni Israël ni les États-Unis ne soient disposés à nous laisser, nous les habitants de Gaza, vivre en paix. Même après l’annonce d’un fragile cessez-le-feu dans la guerre génocidaire perpétrée par l’occupation coloniale israélienne – soutenu par les États-Unis et négocié avec des garanties égyptiennes et qataries – le président américain Donald Trump a fait une autre déclaration profondément controversée.
Il a proposé de « nettoyer tout cette chose », suggérant la relocalisation d’« un million et demi » de Palestiniens dans des pays voisins comme la Jordanie et l’Égypte, en présentant cela comme une soi-disant solution humanitaire. Pour Trump, Gaza n’est pas un lieu de vie, d’histoire et de résistance, mais un obstacle à effacer, sa population réduite à un problème à « résoudre » pour l’enfant gâté préféré des États-Unis : « J’aimerais que l’Égypte accueille des gens, et j’aimerais que la Jordanie accueille des gens », a-t-il déclaré. Cependant, l’Égypte et la Jordanie ont toutes deux rejeté la proposition de reloger les Palestiniens de Gaza.
A Gaza, la proposition de Trump a été accueillie avec défiance et une profonde inquiétude. Le sentiment général exprimé était que s’ils n’étaient pas partis pendant les bombardements, alors que la pression pour abandonner les maisons était à son apogée, pourquoi partiraient-ils maintenant, alors que les massacres ont cessé ?
D’autres ont vu dans sa déclaration un avertissement selon lequel la reconstruction de Gaza pourrait être délibérément bloquée, ce qui rendrait la ville inhabitable et forcerait ses habitants à la quitter !
Même en l’absence d’action militaire directe, une autre forme de guerre se poursuit, celle de la privation. Les restrictions sévères imposées à la nourriture, aux médicaments, à l’eau et au carburant ont fait de la vie quotidienne un combat pour la survie. Les hôpitaux luttent pour fonctionner, les familles font des queues interminables pour obtenir de l’eau potable et les fréquentes coupures d’électricité plongent des quartiers entiers dans l’obscurité.
Si ces conditions persistent, rester à Gaza pourrait devenir un choix insupportable. Les parents seront confrontés à la décision atroce de voir leurs enfants souffrir de la faim et de la maladie ou d’abandonner leur patrie. L’aide humanitaire – qui est déjà une bouée de sauvetage pour la survie – pourrait être militarisée, conditionnée de manière à pousser à la relocalisation sous le couvert de la nécessité.
Ce que les bombes n’ont pas réussi à faire, le désespoir rampant pourrait le faire !
Gaza n’est pas une « chose » ! Les puissances coloniales occidentales considèrent depuis longtemps Gaza, et plus largement les Palestiniens, non pas comme un peuple doté d’une histoire, d’une culture et d’institutions, mais comme une population à contrôler, à écarter ou à gérer. Pour eux, nous sommes des animaux humains, marginalisés et sacrifiables, que l’on peut déplacer, affamer et effacer sans conséquence. Pourtant, l’histoire leur donne tort. Gaza n’est pas un objet de politique ou une simple zone de crise. C’est une terre de chair et de sang, une terre de résistance qui a défié toutes les tentatives d’effacement.