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Ce qu’il faut maintenant ce sont des sanctions !
mardi 12 août 2025
Reconnaître la Palestine est une récompense pour Israël. Ce qu’il faut maintenant, ce sont des sanctions
Extraits d’un article de Gideon Levy journaliste israélien à Haaretz le 3 août 2025 :
« La reconnaissance internationale d’un État palestinien est une récompense pour Israël. Israël devrait remercier chacune des nations qui ont reconnu cet État, car cette reconnaissance sert de substitut trompeur à la seule mesure véritable qui aurait dû être prise maintenant : des sanctions. Cette reconnaissance est une substitution artificielle aux boycotts et aux punitions qui devraient être imposés à un État commettant un génocide. C’est un geste creux, un simulacre, par lequel les gouvernements européens hésitants et pusillanimes essaient de montrer à leur opinion publique en colère qu’ils ne restent pas silencieux. Mais reconnaître un État palestinien qui n’existe pas et n’existera pas dans un avenir proche — probablement jamais — revient en réalité à un silence honteux. À Gaza, on meurt de faim, et l’Europe reconnaît un État palestinien. Cela sauvera-t-il les affamés de Gaza ?
Israël peut ignorer ces déclarations, tant que les États-Unis sont à ses côtés, tant que cette reconnaissance n’est pas assortie d’un prix à payer pour le crime de génocide.
Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, s’est particulièrement illustré, étant parmi les premiers à reconnaître l’État palestinien dans la vague actuelle, après le président français, il s’est empressé d’encadrer sa démarche comme une punition (en sursis) à l’en- contre d’Israël — juste de quoi se donner bonne conscience. Si Israël « se comporte bien », a-t-il promis, son « Gare à toi !" » sera levé. Depuis quand est-ce une punition, Monsieur le Premier ministre ? Si la reconnaissance d’un État palestinien, selon votre vision, est censée faire avancer une solution, pourquoi la présenter comme une sanction ?
Mais cela n’arrêtera pas le génocide. Cela ne se produira que si des mesures internationales concrètes sont prises — et elles sont désespérément urgentes, car les meurtres et la famine s’intensifient à Gaza. Cette reconnaissance ne mènera pas à un État.
À court terme, Israël tire profit de cette vague de reconnaissances, car elle sert de substitut à la punition qu’elle mérite. À long terme, il y a peut-être une utilité à reconnaître un État imaginaire, car cela souligne le besoin d’une solution. Mais il faut faire preuve d’un optimisme délirant et d’une naïveté abyssale pour penser que cette reconnaissance est pertinente. Jamais le moment n’a été aussi mal choisi. Cette reconnaissance actuelle, c’est juste un coup d’épée dans l’eau.
Les Palestiniens sont sans leadership, et les Israéliens ont une direction politique qui a tout fait pour empêcher l’émergence d’un État — et a réussi. Si Downing Street veut un État palestinien, c’est sympathique. Mais tant que Jérusalem et Yitzhar n’en veulent pas, et que Washington soutient aveuglément Israël, il n’existera pas. Quand la droite israélienne est à son apogée, que le centre israélien vote à la Knesset pour l’annexion et contre la création d’un État palestinien ; quand le Hamas est la force politique dominante côté palestinien, et que les colons et leurs alliés le sont côté israélien — de quel État palestinien parle-t-on ? Et où ?
Le monde se donne bonne conscience et Israël continue de détruire, d’affamer et de massacrer, et le plan de nettoyage ethnique de son gouvernement se réalise, à Gaza d’abord. On ne peut imaginer conditions plus mauvaises pour rêver d’un État. Où cet État verrait-il le jour ? Dans un tunnel creusé entre les colonies de Yitzhar et Itamar en Cisjordanie ? Y a-t-il une force qui évacuera un jour des centaines de milliers de colons ? Il vaudrait mieux commencer par des sanctions con- crètes qui pousseraient Israël à arrêter la guerre — l’Europe en a les moyens — et ensuite seulement, remettre à l’ordre du jour la seule solution restante : une démocratie entre le fleuve et la mer, une personne = une voix. Apartheid ou démocratie — il ne reste, hélas, plus de troisième voie ! »