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La Palestine, des débuts du sionisme à la creation de l’État d’israël
mardi 2 février 2016
Vers 1900, l’Europe est un continent surpeuplé où des territoires entiers sont plongés dans la misère. Des millions d’Européens émigrent, venant de tous les États européens. De 1900 à 1910, il en part plus d’un million par an. Ils partent vers les terres peu peuplées du continent américain et des colonies européennes. Parmi ces émigrants européens, et en tous points semblables à eux, venant des mêmes États, des mêmes nations, des juifs, qui suivent les mêmes filières.
Mais vers 1880, dans les milieux intellectuels juifs, l’idée d’un retour massif des juifs sur la terre de leurs ancêtres refait surface, c’est le sionisme. Une démarche qui va s’appuyer sur cette émigration des juifs, souvent persécutés, et permettre, à terme, à la bourgeoisie juive de disposer d’un appareil d’état.
Pour les sionistes, la terre des ancêtres, c’est la Palestine. Les juifs en auraient été chassés par les Romains à la fin du 1° siècle de notre ère, mais cette interprétation est aujourd’hui remise en cause par des historiens juifs eux-mêmes qui considèrent, comme Shlomo Sand, que la diaspora est un mythe élaboré par le monde juif. La majorité des juifs serait restée sur place en Palestine et se serait, plus tard, convertie à l’Islam ! Les juifs disséminés dans le monde seraient des descendants de familles juives émigrées, le plus souvent volontairement, dans les régions méditerranéennes ou européennes depuis de nombreux siècles avant l’ère chrétienne et de populations locales converties au judaïsme. En tout cas, à la fin du XIX° siècle, la région est peuplée, pour l’essentiel, de musulmans, de culture arabe, aux origines aussi nombreuses que variées et souvent récemment immigrés (Harsgor et Stroun), de chrétiens, de quelques milliers de juifs.
La Palestine, comme tout le Proche-Orient dépend de l’Empire ottoman, les terres appartiennent à de gros propriétaires fonciers, arabes et musulmans le plus souvent.
Pour réimplanter les juifs en Palestine, autrement dit pour implanter des colonies juives, le mouvement sioniste s’organise. Le Fonds National juif rassemble des capitaux qui lui permettent d’acheter des terres. Là, comme ailleurs, les terres sont achetées à leurs propriétaires sans que l’opinion des populations qui vivent et travaillent sur ces terres soit prise en considération.
Il est vrai que, dans un premier temps, la faiblesse des densités permet la création de ces villages. Il est vrai aussi que, dans ce premier temps, la colonisation crée des emplois dont peuvent bénéficier les populations locales, qui entrent également par ce biais dans un processus de salarisation-prolétarisation.
Mais quand la pression démographique augmente, la pression sur la terre augmente et les emplois salariés se font plus rares pour les Arabes, exclus de l’économie juive. Le mécontentement, puis la colère montent dans les populations locales, les Palestiniens.
Sur ce éclate la Guerre de 14, à l’issue de laquelle les Britanniques récupèrent la Palestine perdue par les Turcs. Les Britanniques vont, pendant une trentaine d’années, jouer un double-jeu avec les Palestiniens et les juifs, promettant à chacun une terre, selon le principe du « diviser pour régner ». Mais les juifs bénéficient d’une attention particulière et, dès 1917, la déclaration Balfour prévoit la création d’un Foyer national juif. Les Palestiniens combattent ce projet et cela les entraîne à refuser toute participation aux institutions politiques que les Britanniques mettent en place dans le cadre du mandat que leur donne la SDN sur la Palestine. Au contraire, les juifs mettent en place, en Palestine, les structures de base du Foyer national juif et créent L’Agence juive pour la Palestine, le gouvernement de fait de la population juive en Palestine.
Les juifs viennent de plus en plus nombreux, surtout à partir des années 30, où le nazisme s’implante en Allemagne, tandis que les États-Unis ferment leurs portes à l’immigration massive. Devant les protestations arabes, les Britanniques mettent des quotas à l’installation des juifs en Palestine. Mais en 1939, on compte un juif pour deux Palestiniens. Les tensions entre communautés se développent tandis que juifs et Palestiniens revendiquent l’indépendance de leur territoire.
Dès 1920 ont éclaté les premières violences entre juifs et Arabes, mais l’hiver 35-36 marque un tournant : Les Palestiniens lancent, contre l’immigration juive, une grève générale qui se transforme en révolte. La révolte arabe est matée par les Britanniques au prix de 5000 morts palestiniens. Du coup, pour éviter que les Arabes ne tombent dans le camp allemand, la Grande Bretagne réduit drastiquement, en 1939, l’immigration juive et annonce que, dans les 10 ans, la Palestine deviendra un état indépendant, mais un état qui ne sera pas un état juif, comme les sionistes l’espéraient.
La fin des années 30 voit le début d’un terrorisme, aussi bien palestinien que juif, qui vise l’autre communauté et les Britanniques.
Les Populations en Palestine
Année | Population totale | Musulmans | Juifs | Chrétiens |
---|---|---|---|---|
Vers 1880 | 457 000 | 400 000 | Entre 13 000 et 20 000 | 42 000, surtout orthodoxes grecs |
1918 | - | 560 000 | 55 000 | - |
1922 (1° recension britannique) | 750 000 | 590 000 | 84 000 | 71 000 |
1931 (2° recension britannique) | 1 033 000 | 760 000 | 175 000 | 89 000 |
1939 | 1 502 000 | 927 000 | 445 000 | 117 000 |
1948 | - | 1 200 000 | 600 000 | - |
Source : Wikipedia, Palestine, histoire
La Seconde Guerre Mondiale arrive.
Les juifs sont exterminés en Europe. Ils demandent le relèvement des quotas d’immigration en Palestine. Les Alliés s’y opposent sans pour autant empêcher l’extermination ni favoriser l’arrivée des juifs dans leurs territoires, sans non plus empêcher une immigration illégale.
En 1942, le 6/03, lors de la conférence de Biltmore, les juifs franchissent une étape dans leurs revendications : celle d’un État juif indépendant et non plus seulement d’un Foyer National Juif. Mais, du coup, cela pose une autre question : va-t-on créer un état binational ou deux états sur le même territoire ?
Dès 02/44, à cause de l’interdiction de l’immigration, les juifs rompent la trêve des attentats contre la Grande Bretagne, ce qui conduira progressivement à la fin du mandat britannique. La Grande Bretagne n’étant plus en mesure de maintenir l’ordre dans ce territoire.
Pendant la guerre, la Grande Bretagne a perdu, auprès des juifs, de son influence au profit des États-Unis où les lobbies juifs fonctionnent particulièrement bien. Les États-Unis veulent faire du Proche-Orient un bastion contre le communisme, tandis que l’URSS voit aussi sa position évoluer, elle abandonne son antisionisme pour défendre l’existence d’un état juif. L’URSS espère avoir avec cet état juif un allié au Proche-Orient et espère que les Arabes se retourneront contre les États-Unis.
L’URSS défend l’idée du partage de la Palestine et les États-Unis se rallient à cette idée, encore que, dans leur camp, les partisans d’un état binational restent influents, et influencés par le lobby juif, à tel point que la position américaine, dans les mois qui suivront la partition par l’ONU, sera fluctuante.
C’est, en effet, le 29/11/47, que l’ONU annonce la création de deux états, un juif, un arabe. Les juifs acceptent la partition et, en même temps, espèrent les troubles, voire la guerre pour agrandir leur territoire.
Dès le lendemain, le terrorisme commence, côté juif, vite imité par le Haut Comité arabe qui lance une grève générale qui suscite une flambée de violence contre les juifs. Dans les 15 jours qui suivent, on compte 160 morts, en majorité arabes.
En fait, la guerre commence dès janvier 48, avec la violence et les atrocités des deux côtés. Le 8/01/48, 1500 hommes d’une armée de secours de volontaires arabes entre en Palestine. En face, les juifs peuvent compter sur 50.000 hommes, plus ou moins armés, plus ou moins entraînés. Au début, les juifs sont sur la défensive, mais fin mars, ils reçoivent des armes achetées à la Tchécoslovaquie, par l’intermédiaire de l’URSS, si bien que en avril et début mai, les juifs remportent de nets succès militaires, tandis que commence un exode arabe, conséquence du massacre des populations dans les villages.
Les juifs craignent cependant l’arrivée des troupes des pays arabes ; d’autre part, ils craignent un revirement des États-Unis où certains haut responsables, comme Marshall souhaitent que l’ONU revienne sur sa décision de partage de la Palestine. Le Président Truman hésite, ballotté entre sa peur de perdre les prochaines présidentielles et la peur de la réaction arabe. Les juifs accusent les États-Unis d’antisémitisme et proclament le 14 mai l’état d’Israël pour mettre tout le monde au pied du mur. De nombreux états, dont les États-Unis, reconnaissent aussitôt ce nouvel état.
Mais le lendemain, 15 mai, les armées des états arabes voisins envahissent le territoire d’Israël Les premières semaines du conflit sont favorables à ces armées. À la fin du mois de mai, l’ONU impose une trêve qui évite le pire à Israël, lui permet de réorganiser son armée et de renforcer son armement. A la reprise des hostilités, en juillet, Israël prend le dessus.
L’ONU mandate le suédois Bernadotte pour trouver une solution diplomatique au conflit. Il propose un nouveau partage de la Palestine sur des bases plus favorables à Israël, mais pas encore assez aux yeux de cet état. Le 17/09, Bernadotte est assassiné par des extrémistes juifs avec, semble-t-il, la complicité des plus hautes autorités de l’État.
L’armistice est signé en février 49. La guerre a entraîné 15 000 morts chez les Palestiniens et provoqué l’exode de 7 à 800 000 d’entre eux. Leur territoire est dépecé : la Galilée donnée à Israël, la Cisjordanie à la Jordanie. Seule, la bande de Gaza conserve une certaine autonomie, mais sous tutelle égyptienne.
Israël perd 6000 habitants, soit 1% de sa population, mais agrandit d’un tiers son territoire.
Il est vrai qu’Israël aurait pu en profiter pour s’agrandir davantage. Mais écoutons les raisons données par Ben Gourion à cette censure : « Nous risquions d’être encombrés d’une majorité arabe hostile. Nous étions menacés de complications avec les Nations Unies... Quant au reste, nous verrons plus tard », réflexion qui renvoie au problème des frontières d’Israël, que Ben Gourion n’a jamais voulu préciser, tellement il a toujours espéré voir son état s’accroître au-delà des décisions de l’ONU.
Sources :
– Alain Gresh, Palestine 1947, un partage avorté, édition Complexe, 1998, 283 p
– Harsgor (M) et Stroun (M), Israël/Palestine, L’Histoire au-delà des Mythes, Une réflexion sur deux légitimités, Essai, Metropolis, 1999, 383 p.
– Wikipedia, Palestine
– https://www.monde-diplomatique.fr/2...
– https://pouvoiretpsychopathie.haute...
– https://www.alterinfo.net/Il-n-y-a-...
Rédigé par C. Fruhauf