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Muriel Ressiguier sur la situation des prisonniers mineurs palestiniens
jeudi 12 juillet 2018
Muriel Ressiguier
Question N° 10537 au Ministère de l’europe
Question soumise le 10 juillet 2018
Mme Muriel Ressiguier interroge M. le ministre de l’Europe et des affaires étrangères sur la situation des prisonniers mineurs palestiniens. Depuis un demi-siècle, une grande partie de la Palestine est occupée. Deux millions d’habitants se voient imposer depuis onze ans un blocus qui les met dans une situation d’urgence humanitaire croissante tandis que les autorités israéliennes intensifient l’extension des colonies. Les récentes prises de position de Donald Trump privent jusqu’à nouvel ordre de la possibilité de régler ce conflit sous l’égide de l’ONU. Les manifestations se multiplient et le gouvernement israélien répond par la répression. Par des campagnes d’arrestations organisées, les forces de l’ordre israéliennes ciblent délibérément la jeunesse palestinienne et mènent une politique de punition collective pour dissuader la société palestinienne de lutter contre l’occupation. En mars 2018, 356 mineurs étaient détenus dans les prisons militaires israéliennes. L’ONG Addameer estime que 17 mineurs sont arrêtés chaque jour, ce qui représente 12 000 enfants depuis 2000. Certains ont 12 ou 13 ans, voire 8 ans seulement. Les forces d’occupation israéliennes ne respectent pas le droit international qui prévoit de protéger les mineurs de sanctions pénales trop sévères comme le précise l’article 37 de la Convention de l’ONU relative aux droits de l’enfant. Le Parlement israélien a même alourdi, en 2015, l’arsenal répressif contre les auteurs de jets de pierres et ce crime est aujourd’hui passible de vingt ans de prison, alors que c’est le principal chef d’accusation des mineurs. Les procédures d’interrogatoire spéciales pour les enfants ne sont pas respectées : ils sont souvent arrêtés lors de raids nocturnes sans que ni eux ni leurs parents ne soient informés du motif de l’arrestation ou du lieu de détention. 97 % n’ont pas droit à un avocat, la présence des parents n’est autorisée que dans 8 % des cas, et 99 % sont condamnés suite à un « plaider-coupable ». Selon de nombreux témoignages ils subissent fouilles à nu, gifles, coups de pied, passages à tabac, coups de bâtons, yeux bandés, violences verbales, menaces sexuelles, menaces envers leur famille, isolement cellulaire et privation de sommeil... La vulnérabilité étant un critère déterminant dans la distinction entre torture et mauvais traitements, 82 % de ces enfants seraient torturés et finalement condamnés à l’issue de procès expéditifs. Déscolarisation, dépression, anxiété, troubles de la concentration, comportement agressif, peurs, désintégration des liens familiaux et sociaux... ces mineurs sortent de détention brisés. Ces mauvais traitements ne peuvent se poursuivre en toute impunité et l’établissement d’une paix durable ne pourra se faire tant que cette question sera reléguée au second plan. Elle lui demande si la France va faire entendre officiellement sa voix pour contribuer au respect de droit international.