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Macron-Netanyahou : retour sur une infamie
dimanche 19 février 2023
Le chef d’un gouvernement qui revêt « des valeurs fascistes » - selon Ehud Barack, ancien Premier Ministre d’Israël lui-même -, et qui est, aux dires du même, « en train de réaliser, sous nos yeux, un coup d’État par son racisme, sa corruption, sa neutralisation du système judiciaire » (1), voilà le personnage à qui Emmanuel Macron vient d’offrir sa première visite officielle dans un pays occidental depuis sa réélection dans des conditions honteuses… pour échapper à la prison ! Cette infamie de l’Élysée a été précédée d’une rencontre de travail entre les directeurs des affaires stratégiques du ministère des Affaires étrangères des deux pays le 19 janvier dernier. La bienveillance appuyée de Paris envers Netanyahou n’a pas empêché ce dernier de lancer quelques jours plus tard le raid « préventif » de l’armée israélienne le plus meurtrier depuis 20 ans sur la Cisjordanie, relançant le cycle des violences, qui s’est aussitôt traduit par l’attaque perpétrée par un jeune Palestinien dans une colonie de Jérusalem-Est, causant la mort de sept civils israéliens.
Cet incroyable camouflet infligé à la diplomatie française par un pouvoir israélien, décidé à pousser toujours plus loin les crimes de l’occupation, de la colonisation et de la guerre, quitte à alimenter le désespoir parmi le peuple palestinien, particulièrement dans sa jeunesse, n’a pas empêché le Président de la République de dérouler le tapis rouge à son « cher Bibi » (2). Peu soucieux du sort des Palestiniens, le Président français ne semble d’ailleurs guère porter plus d’attention aux centaines de milliers d’Israéliens mobilisés contre une coalition gouvernementale sans précédent dans leur pays, dans laquelle siègent des ministres d’extrême-droite, ultra-orthodoxes et ouvertement suprémacistes, qui plus est en charge des colonies et des forces de répression ! Lui qui lança naguère « l’Initiative Marianne » pour « porter les droits de l’homme partout » illustre plus spectaculairement que jamais combien ses principes en la matière sont à géométrie variable.
Si l’Élysée a fait savoir, en termes convenus et particulièrement alambiqués, avant cette rencontre indécente, que le Président rappellerait à son interlocuteur la « nécessité pour tous (sic) d’éviter des mesures susceptibles d’alimenter l’engrenage de la violence » et exprimerait sa « disponibilité à contribuer à la reprise du dialogue entre les Palestiniens et les Israéliens », l’objectif conjoint était évidemment ailleurs. En vérité, tout s’est passé comme si un « deal » (comme aurait dit Donald Trump) avait été passé entre Benjamin Netanyahou et Emmanuel Macron : le premier envisage désormais d’apporter ouvertement un soutien militaire à l’Ukraine, comme le souhaitaient la France et ses alliés occidentaux, tandis que le second se rallie à demi-mots à l’option militaire contre le programme nucléaire iranien, à la grande satisfaction du No 1 de Tel Aviv. « Quelque 3000 cibles sont identifiées, et l’État hébreu souhaite passer rapidement à l’action, mais pas question d’aller seul au combat » précisent des observateurs avertis (3). Au feu ! « On ne fait pas la guerre pour se débarrasser de la guerre » avertissait Jean Jaurès.