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Poème et témoignage : Majed Bamya et Nabila Kilani
vendredi 14 mai 2021
Un magnifique poème de Majed Bamya pour le quartier Sheikh Jarrah et sa résistance
Sheikh Jarrah, Jérusalem, Palestine
Ici, mes racines jouent leur partition
Sans orchestre et sans ombrages
De mon nom ils portent la définition
Et cette sève que d’aucuns appelle courage
Ici je suis arbre et mon feuillage
Enlace le nid pour rassurer le voyageur
Le soleil épelle mon visage
Et la lune me susurre : rêveur ou songeur ?
Ici je suis maison, foyer, destin
Le regard familier qui ranime les plaines
Mais je cohabite avec mon assassin
Il loge dans mon souffle, mes veines
Ici je suis histoire et géographie
Le verbe tombé en martyre
Le cœur qui au dernier battement se confie
La mémoire dont on ne peut se départir
Ici tu es hache assénant ses coups
Tu es brasier, tu es tornade, tu es torrent,
Tu es, sous toute cette laine, loup
Conjuguant mes verbes au temps absent
Tu fleuris sur les ruines
Sur l’exil forcé de la lune
Quand les rêves assassinent
Et que le tueur accuse la fortune.
Ici je suis, de tout mon être
Verbe d’absolu et serment
Tu te dis en ces lieux maître
Mais les murs murmurent : il ment
Ici je reste fidèle à la sainte lumière
Aux regards qui habitent le miroir, au jasmin,
À ce rire si rare et aux innombrables prières
Je reste, et la maison reconnaîtra les siens.
Et là, Nabila Kilani rappelle quelques faits :
Savez-vous quel est le problème des maisons du quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem ?
En 1948, le quartier a accueilli un certain nombre de familles qui ont été déplacées de leurs villages dans les terres occupées en raison de la Nakba.
En 1956, un accord a été conclu entre le gouvernement jordanien et les Nations Unies pour fournir des logements à environ 28 familles déplacées dans le quartier.
Le gouvernement jordanien a fait don du terrain et construit les maisons, les habitants devant les posséder au bout de trois ans.
La guerre de 1967 et l’occupation de Jérusalem-Est ont perturbé les procédures permettant aux résidents d’obtenir leurs papiers de propriété.
En 1972, les colons ont lancé une grande campagne pour expulser les résidents et saisir les maisons.
Le tribunal de l’occupation a reconnu la propriété des colons après que les colons ont soumis des documents falsifiés, et les habitants ont refusé de quitter leurs maisons et ont demandé au gouvernement jordanien de fournir leurs documents de propriété.
En 2008/2009, le premier incident de déplacement de colons dans des maisons, où trois maisons ont été expulsées de force et occupées par des colons.
La session du tribunal d’aujourd’hui examinera le déplacement de quatre autres familles, tandis qu’elle examinera début août le déplacement de trois familles 25 familles, 500 Palestiniens sont menacés d’expulsion dans le quartier.
Les habitants du quartier ont rejeté les accords proposés par les colons pour prendre livraison des maisons après la mort de leurs propriétaires, ils insistent pour rester chez eux et rejettent les revendications des colons.