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Arrêté par la police, le ministre palestinien raconte "avoir vécu un enfer"

dimanche 12 avril 2020

> Arrêté par la police, le ministre palestinien raconte "avoir vécu un enfer"

> Des forces de police israéliennes ont arrêté le ministre des Affaires de Jérusalem, chez lui, au nom de sa coopération avec l’Autorité palestinienne. Il a déposé plainte après avoir été frappé et forcé de porter un masque sale et ensanglanté.
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> Un ministre palestinien a déposé plainte le 6 avril contre des officiers de police israéliens pour l’avoir maltraité, battu et forcé à porter un masque sale et ensanglanté lors de son arrestation vendredi dernier, le 3 avril.
> Le ministre palestinien des Affaires de Jérusalem, Fadi Al-Hadmi, a été arrêté pour sa coopération avec l’Autorité palestinienne dans sa lutte contre la propagation du coronavirus à Jérusalem Est ce qui, aux yeux des israéliens, est une atteinte à la souveraineté israélienne (illégale) sur la ville sainte.
> Israël considère tout signe de la présence de l’Autorité palestinienne à Jérusalem comme une violation des accords d’Oslo.
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> Fadi Al-Hadami, lui-même résident de Jérusalem Est, a été nommé il y a un an. Depuis, il a déjà été arrêté quatre fois, toujours au prétexte de son travail avec l’Autorité palestinienne à Jérusalem.
> Les quatre fois, il a été interrogé rapidement avant d’être relâché sans qu’aucune charge ne soit retenue contre lui.
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> Vendredi dernier, vers 5 heures du matin, des officiers de police accompagnés d’une brigade canine ont débarqué chez lui. Selon la plainte déposée par ses avocats Mohand Jabara et Ahmed Safiya au département du ministère de la Justice chargé des enquêtes sur la police, les officiers en question « ont décidé de pénétrer dans son immeuble en faisant sauter inutilement la porte sans même avoir pris la peine de frapper. »
> Toujours selon les avocats, la police « a fouillé brutalement en criant et hurlant des gros mots, dans l’intention évidente d’injurier notre client. »
> La fouille a été menée sans que la famille ait été autorisée à être présente sur les lieux, ce qui constitue une infraction au mandat judiciaire. Les policiers ont même fait rentrer les chiens dans la chambre du fils de 5 ans qui dormait, et l’ont fouillée sans que ses parents soient là.
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> La police a confisqué la somme de 10 000 shekels (près de 3 000 euros) constituée de dons de charité. Toujours selon la plainte déposée par Fadi Al-Hadami, un officier « a brutalisé sa femme en la bousculant et en l’injuriant sans raison. » Il n’y avait aucune femme dans la brigade de police présente à ce moment là.
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> La plainte continue en décrivant comme Al-Hadami a été emmené dans une voiture de patrouille où on lui « a forcé à porter un masque qui traînait là, clairement sale et même ensanglanté, sans prêter attention à ses protestations sur l’état du masque. »
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> Le cauchemar de notre client ne semblait que commencer alors que la patrouille arrivait au Russian Compound où, alors qu’il suffoquait sous ce masque souillé en essayant de l’enlever, un grand officier de police barbu du nom de Moshe Shahal s’est jeté sur lui comme un animal, avant de commencer à le frapper sur tout le corps, des coups, des gifles dans la figure, des coups de pied dans l’estomac en l’injuriant sévèrement pour qu’il garde ce masque tâché de sang.
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> Après cela, Al-Hadami a été interrogé brièvement sur ses activités menées au nom de l’Autorité palestinienne dans la lutte contre le coronavirus à Jérusalem. Six heures après avoir été arrêté, il a été relâché sans avoir été présenté à un juge.
> La police israélienne a déclaré que le compte-rendu de l’arrestation d’Al-Hadami contenait quelques « inexactitudes fondamentales », sans préciser lesquelles.
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> Dimanche dernier, le 5 avril, le gouverneur de Jérusalem Adnan Gaith a été arrêté à son tour sur le même prétexte d’agir au nom de l’Autorité palestinienne dans la lutte contre la pandémie à Jérusalem. Habitant de Jérusalem Est, il a déjà été arrêté une dizaine de fois sans qu’aucune charge ne soit jamais retenue contre lui.
> Le procureur de Jérusalem a rejeté la requête de la police de prolonger son arrestation de huit jours. Le juge Naeel Mohana a expliqué qu’il avait « regardé le compte-rendu d’enquête et qu’il n’y avait aucune raison valable juridiquement pour justifier son arrestation ni même une assignation à résidence. »
> Il a conclu que l’activité de Gaith correspond aux directives du ministère de la Santé et consiste à faire passer l’information aux habitants, ce qui ne constitue en aucune façon une violation de la loi. La police a fait appel de cette décision devant le tribunal du district.
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> Dès le début de la crise du coronavirus, la police israélienne a arrêté plusieurs membres de l’Autorité palestinienne qui se livraient à des actions de désinfection de certains quartiers de Jérusalem Est, en les relâchant peu de temps après. Pourtant, deux jours avant ces premières arrestations, Israël avait autorisé le déploiement d’une force armée palestinienne importante dans Jérusalem. Ces hommes, membres de l’Unité 101 des forces de sécurité palestiniennes, ont été déployés à Kfar Aqab, un quartier situé à l’intérieur des frontières municipales de la ville mais de l’autre côté du mur. Ils ont été appelés pour séparer deux groupes de Palestiniens qui se tiraient dessus pour le contrôle d’un barrage routier destiné à imposer le confinement des communautés palestiniennes qui vivent là.
> Les Palestiniens estiment que l’autorisation donnée à cette unité d’opérer dans la ville ridiculise les actions de la police contre les activités de l’AP à Jérusalem - qui consistent notamment à annuler un tournoi de football, un festival pour enfants ou une soirée organisée pour la Journée de la femme.

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Envoyé par : Monique SANCIAUD