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Opération militaire du faible contre le fort

dimanche 8 octobre 2023, par couserans palestine

Billet originellement publié sur le blog de Mediapart


« Je suis terrorisée. Il n’y a plus que nous dans l’immeuble ainsi qu’une dame, tout le monde est parti. »

Au téléphone, la voix de mon amie est haletante. Elle a mis des chaises contre la porte et elle attend. En mai, lors de la dernière guerre contre Gaza, elle avait paniqué à en tomber malade, à force de rester contre la porte de la chambre, le plus loin possible de la fenêtre et des bombardements avec sa fille de 7 ans à côté d’elle.

« Ils sont passés, ils ont levé le siège, cette fois, c’est pas pareil. »

Chaque minute qui passe est une minute de panique et de peur. Samedi matin quand les bombardements ont commencé, tous les habitants de son immeuble a Gaza city sont partis. Ils sont allés se regrouper en famille, dès qu’ils ont pu. « Je ne suis pas partie, la route pour aller chez ma mère est coupée et mes frères sont avec elles. »

« On est fatigués, fatigués du blocus, fatigués d’être enfermés, on n’a plus de patience. »

À Gaza, l’été a été difficile : les vacances, pour les enfants, sont synonymes d’ennui et de peur, même si quelques centres culturels proposent des activités pour les petits. Les plages sont extrêmement polluées, l’eau, l’électricité manquent. Mais, depuis septembre, l’angoisse et la peur sont montées d’un cran : « Pas une journée ne passe depuis un mois sans que l’on parle de guerre : je ne peux plus réfléchir, ni me concentrer pour travailler, la guerre, la guerre, tous les jours. Il va y avoir la guerre, c’est imminent. »

Ce matin, l’Agence de Presse Wafa Palestine, basée à Ramallah fait état de 250 morts dans la bande de Gaza. Des attaques aériennes ont ciblées des bâtiments résidentiels. Des civils palestiniens, incluant femmes et enfants, ont été touchés. Tôt ce matin, un bâtiment de douze étages a été pulvérisé dans la banlieue de Gaza City. Deux journalistes palestiniens Nidal Al-Wahidi et Haitham Abdelwahid, sont portés disparus, alors qu’ils couvraient l’agression israélienne à Gaza. Le contact a été perdu ce matin avec les deux journalistes, alors qu’ils couvraient les évènements près du check point de Beit Hanoun. Les bombardements de l’État d’occupation poussent Gaza vers la catastrophe, beaucoup de familles se réfugient actuellement dans les écoles de l’UNRWA pour se protéger. Les quartiers généraux du Hamas, dans la tour Al Watan, ont été pulvérisé par les bombardements, tôt ce matin (Charter’97 Press Center).

Il y a 9 heures, Netanyahu a exhorté les Gazaouis à partir, disant qu’il allait transformer toutes les caches du Hamas en gravât. Mais où ? Les traductions se perdent en conjonction : a-t-il voulu dire, "tous les Gazaouis" ou ceux qui vivent dans ces cachettes ?

Dans les territoires, le gouvernement d’occupation a fait entièrement fermer le Gouvernorat de Bethléem. L’entrée sud de la province est fermée avec une porte de fer et des blocs de béton ferment les voies d’entrée de tout les villages. Pendant ce temps, la société civile palestinienne s’est à nouveau organisé en grève nationale. à Jalboun, les colons ont ouverts le feu sur des civils palestiniens. Les villages du gouvernorat de Ramallah sont également fermés.

Le Bureau national de l’Agence France Palestine Solidarité, dans son communiqué du 7 octobre, éclaire la situation et met en garde contre toute la sémantique utilisée par les oppresseurs historiques du peuple palestinien : Il faut « qualifier cette opération pour ce qu’elle est : une opération militaire du faible contre le fort, en rappelant que l’armée israélienne est l’une des plus fortes et des mieux équipées du monde. Nous déplorons que des civils aient été tués des deux côtés, et mettons en garde contre l’utilisation du terme de « terroriste » qui a été utilisé de tous temps contre les mouvements de résistance. » (communiqué de l’AFPS, samedi 7 octobre, 16h).

Gideon Levy, journaliste à Harretz et interviewé par des journalistes d’Aljazeera, dit qu’Israël se sent humilié, trahi car, malgré un service de renseignements ultra performant, il n’a pas su anticiper l’attaque des résistants palestiniens. Il ajoute qu’il faut que ce traumatisme change la vision qu’à Israël de Gaza et des réfugiés. Il exhorte son pays à changer radicalement sa vison du peuple palestinien et à voir celui comme des humains comme eux, avec « des rêves, des aspirations et des droits, comme nous, les israéliens ».