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Khan al-Ahmar, en attendant les bulldozers...

dimanche 19 février 2023

La Cour suprême d’Israël a accordé mardi un nouveau délai au gouvernement israélien avant de statuer sur le caractère exécutoire d’un ordre de démolition controversé visant un village bédouin palestinien en Cisjordanie occupée, devenu emblématique de l’opposition à la colonisation juive.
En mai 2018, la plus haute juridiction du pays avait jugé qu’il n’y avait « aucune raison juridique valable » de s’opposer à la « décision du ministère de la Défense de détruire » ce village, Khan al-Akhmar, situé à une dizaine de kilomètres à l’est de Jérusalem.
Mais soumis à une forte pression extérieure, notamment de l’Union européenne et de la Cour pénale internationale (CPI), dont le procureur de l’époque, Fatou Bensouda, avait déclaré qu’une telle destruction pourrait constituer un crime de guerre, le gouvernement israélien a reporté plusieurs fois la démolition de Khan al-Ahmar, où vivent environ 200 bédouins.
En 2019, une ONG sioniste de droite, Regavim, qui dit militer pour « préserver les terres nationales » avait saisi la Cour suprême pour forcer le gouvernement à détruire le village.
Celui-ci est situé en zone C, c’est-à-dire sous contrôle militaire et administratif total de l’Etat israélien, qui accuse les bédouins palestiniens de s’être installés sur place illégalement, sachant qu’il est pratiquement impossible pour des Palestiniens d’obtenir des permis de construire dans cette zone, qui couvre plus de 60% de la Cisjordanie occupée.
Depuis le dépôt du recours de Regavim devant la Cour, les gouvernements israéliens successifs n’ont cessé de demander des délais, en invoquant des motifs liés à l’instabilité politique, pour présenter leurs arguments au tribunal.
Déjà repoussée huit fois, l’échéance tombait au 1er février, mais le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui compte dans ses rangs plusieurs partisans de la démolition du village, dont un ancien directeur de Regavim, avait demandé un nouveau report en arguant qu’étant entré en fonction fin décembre, il lui fallait plus de temps pour se préparer.
Mardi, la Cour a imposé une amende de 20.000 shekels (environ 5.350 euros) à l’exécutif pour son « attitude générale » dans ce dossier, mais lui a accordé trois mois supplémentaires, jusqu’au 1er mai.
Selon des journaux israéliens, la véritable raison de l’attentisme du gouvernement est la crainte qu’une démolition du village et le transfert de ses habitants ne précipite le conflit israélo-palestinien dans une nouvelle spirale de violence incontrôlable.

Agence France-Presse du 07 février 2023