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« Massacre » et « Dieu est avec nous » - deux poèmes de Jean-Claude Perpère

mercredi 11 juillet 2018

Massacre

Sont-ils donc fous ces gens qui s’obstinent à hurler
Par devant les merlons et les fils barbelés
Qui marquent une frontière qu’ils savent inapprochable.
Ils l’approchent pourtant malgré la mort probable
Dispensée par les balles des soldats d’Israël
Lesquels, sans état d’âme et sans craindre le ciel,
Obéissent aux ordres et tirent sur la foule.
Et tant mieux si des ruisseaux de sang coulent,
Pourvu que ce sang-là soit sang palestinien
Puisque aux yeux du monde il ne compte pour rien.
Mais obéir aux ordres, même les plus iniques,
C’est ce qu’on reprochait à ces soldats cyniques
Qui ont dévasté l’Europe pendant près de six ans
Tuant des millions d’hommes, femmes et enfants.
Et quant à s’approcher trop près d’une barrière
Qu’elle soit celle d’un camp ou bien d’une frontière,
Cela valait la mort soudaine et sans pitié.
Ces actes furent jugés crime contre l’humanité.
Pour Trump/Netanyahou, odieux démagogues
Faire parler la poudre vaut mieux que le dialogue.
Et leur brutalité a subverti le droit.
La vie palestinienne pèse de peu de poids.
L’argument du plus fort est suprême raison.
On tire sur les hommes comme au tir au pigeon,
Le décompte, ce jour, a battu un record :
Cinquante-huit « objectifs » étendus raides morts,
La plupart jeunes hommes, adolescents, huit gosses.
Qui donc arrêtera cet abattage atroce ?
Qui se soucie encore de ce peuple écrasé
Sous la botte d’un autre qu’on a sacralisé
Parce que ses aïeux ont tant et tant souffert ?
Au Peuple dit Élu, la Terre Sainte. Aux autres, l’Enfer.

Jean-Claude Perpère,
Paris le 13/05/2018

“Dieu est avec nous” [1]

Chantons “Alléluia”, savourons notre chance !
Dieu nous est revenu et a choisi la France.
Sur notre beau terroir s’est matérialisé
Et il a installé sa crèche à l’Élysée.
Là, sous les boiseries, les marbres et les dorures,
Il est déterminé à mener la vie dure
Aux crésus, ploutocrates et nababs exultant,
Et les prive hardiment d’impôts exorbitants.
Puis, ayant réparé cette vieille injustice,
Fort courageusement et sans nul artifice
Il se soucie du sort des plus déshérités
Et accroît leurs besoins et leurs nécessités.
Mais la plèbe est ingrate, car c’est dans sa nature,
Elle descend dans la rue et crie à l’imposture.
Elle ne voit pas plus loin que le bout de son nez.
On réforme pour elle et on se fait malmener !
Ainsi Emmanuel est-il un incompris
Comme autrefois le fut l’aimable Jésus-Christ
Avec cette différence : le second fut sincère
Et notre beau Manu, c’est “Jésus-À-l’Envers”.

Jean-Claude Perpère,
Paris le 08/06/2018

Jean-Claude Perpère a couvert la guerre du Liban pour France 3.
Quelques années plus tard, il a formé des journalistes palestiniens à Ramallah.
Son blog est accessible ici.


[1Traduction de l’hébreu “Emmanuel” עמנ ואל