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Expo « Gaza 2001 - fenêtre sur la vie » de Laurent Loubet

vendredi 22 mars 2024

La galerie Giron d’Art a le plaisir d’accueillir

L’exposition « Gaza 2001, fenêtre sur la vie »
Photographie de Laurent Loubet
du Samedi 23 Mars au Samedi 11 mai 2024

Vernissage Café / Croissant : Samedi 23 mars de 10h à 13h

Un jour d’hiver, Laurent Loubet osa ouvrir la porte de la galerie à ma rencontre, cette fois. J’ai découvert un être riche et intense aux éclats d’une profonde humanité dans le regard. Nous avons échangé longuement autour de son travail photographique, évidemment et nous nous sommes rejoints dans la similitude de nos épreuves de vie et notre perception de l’humain :
« Profondément humaniste, je m’intéresse à l’homme dans son environnement.
J’ai grandi dans le troquet familial à Toulouse. L’ambiance enfumée, les apéros interminables, la bière était blonde et les cigarettes brunes. C’est un endroit formidable pour rencontrer l’être humain et y découvrir ce qu’il est vraiment, l’alcool peut avoir ça de bon, il peut révéler l’homme derrière son masque. Je crois que c’est là que j’ai appris à regarder le monde tel qu’il est. C’est par la voie de l’apprentissage que je me suis formé à la photographie et ce sont des voyages qui ont alimenté mon travail et ma personnalité.
En 1999, alors que je réalisais la traversée de l’Amérique du Sud à bicyclette, ma rencontre avec mon futur compère Raphaël Krafft, radioreporter indépendant, fut déterminante. Elle renforçait mon insatiable besoin de témoigner et d’être concerné par les autres. Nous réalisâmes ainsi pendant plus d’un an des web reportages radio et photos avec dans nos sacoches de vélos : ordinateur, cuves pour développer et scanner pour numériser.
Cette aventure vélocipédique me mènera sur les plateaux de France Culture qui me proposait de prendre le micro.
Pendant quelques années, je partageais ainsi mon temps entre reportages radio et photographiques en traversant la France, l’Ouest américain ou encore quelques mois au Proche Orient. J’y réalisais l’une de mes plus belles séries photographiques, au début de la deuxième intifada « Gaza 2001 - Fenêtre sur la vie ».
Je me suis ensuite installé en Ariège. A l’arrivée de mes enfants, les destinations furent moins lointaines. Devenu néo-rural, cette sédentarité fut un bon moyen d’observer mon environnement. Naturellement, je me suis concentré sur cette existence méconnue et intéressé aux particularités des zones rurales, lamentablement ignorées par le monde urbain. Cette nouvelle vie m’inspira la série « métro, boulot… autoportrait de paysages », des captations depuis mon véhicule en mouvement, sur une longue période, lors de mes trajets au travail, une réflexion inachevée sur les incohérences de la vie en zone rurale.
Suite à des évènements familiaux douloureux, ma dernière série « Contis plage, 1 km² » est un travail introspectif, une remise en question, un besoin d’extérioriser, une quête de sens dans une station balnéaire landaise en m’imposant la contrainte de l’espace sur une année.
 » me confie-t-il.

Un dimanche, je pénétrais la réalité saisissante de ses images notamment cet enfant debout au milieu des gravas et immeubles détruits dont je ne pouvais détacher mon regard ou ce quadriptyque d’enfants jouant posé sur son canapé, ou encore cette femme dans sa cuisine aux éclats de « Jeune fille à la perle » sur sa table basse au milieu des papiers.

Laurent Loubet savait restituer la lumière et l’âme des habitants de Gaza d’une manière si singulière. Il captait les moments de vie avec une grâce suspendue, effaçant le décor dramatique dans lequel ils vivaient. J’étais si émue que je ne pus m’empêcher de lui proposer de dévoiler ses photographies cachées depuis 23 ans. Il accepta.
« Gaza - 2001 » est une fenêtre sur la vie, la vie des hommes, des femmes et des enfants en temps de guerre. Laurent est un témoin de l’humanité au milieu de l’enfer. La véracité de ses clichés me fait vivre la chance que j’ai d’être bien née, au bon endroit, de ne jamais avoir connu la guerre et peut-être ravivait en moi le passé sémantique de mes aïeuls.

Article de Virginie Papin

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