Accueil > Documentation > Des documents à connaître > Conférence-débat avec Francis Wurtz, à Foix, le 22 avril France, Europe : (...)

Conférence-débat avec Francis Wurtz, à Foix, le 22 avril France, Europe : quelle politique étrangère pour un monde de Paix ?

dimanche 8 mai 2016

Conférence-débat avec Francis Wurtz, à Foix, le 22 avril
France, Europe : quelle politique étrangère pour un monde de Paix ?

Une analyse lucide
S’appuyant sur son expérience de député européen et sur les contacts noués avec les mouvements progressistes et leurs acteurs, Francis a présenté l’évolution de la politique internationale de la France, de l’Union Européenne et a défini en regard les principes d’une politique étrangère de gauche. Même si les forces du capital sont puissantes et déterminées, sa connaissance des institutions permet à Francis d’indiquer par quels leviers les citoyen.ne.s peuvent dès à présent peser. Par cet exposé et le débat qui a poursuivi l’analyse, le PCF espère les aider à s’orienter pour agir pour un monde plus juste et plus pacifique. Retrouver des repères de gauche empêchera les forces obscurantistes et irrationnelles menaçantes de prendre le dessus.
Un monde dangereux à cause de l’irresponsabilité des dirigeants.
Les rapports de domination, l’état de la planète, l’agressivité renouvelée d’un occident qui se sent en déclin attestent l’irresponsabilité des dirigeants engagés dans une économie de guerre.
La politique étrangère de la France sous F.Hollande a confirmé celle de Sarkozy : réintégration du commandement intégré de l’OTAN, en rupture totale avec la politique française depuis De Gaulle. Dès mai 2012, Hollande donne son aval à un bouclier anti-missiles aux frontières russes, vraie machine à fabriquer des tensions avec la Russie, et affirme que la bombe atomique est un bienfait pour la Paix ! En 2013, son livre blanc de la Défense est digne de Bush. Il appelle à renouveler des « opérations » comme en Lybie ; à intervenir militairement plus souvent, comme au Mali, sous prétexte des « intérêts de la France dans le monde ». La France freine les négociations diplomatiques, sur l’Iran, la Syrie : son allié privilégié est l’Arabie Saoudite ; Fabius déclare qu’Al Quaida fait du bon boulot sur le terrain ! ; la France se hausse au 3° rang des ventes d’armes au monde, et ¾ de ces ventes se font au Moyen Orient. Sa politique vise à alimenter la guerre, pas à préparer la Paix !
C’est un fiasco et un déshonneur !
Principes d’une politique étrangère de gauche.
L’interdépendance due à la mondialisation peut être un élément constructif. Par exemple les économies de la Chine et des USA sont si imbriquées, que malgré leur hostilité, aucun des pays n’a intérêt à l’effondrement de l’autre.
3 axes pourraient structurer une mondialisation de gauche :
- une coopération sans domination-domination à proscrire sous toutes ses formes : la guerre, mais aussi le TAFTA(domination économique)...en favorisant dans chaque pays un contrat social pour une sécurité humaine, appuyé sur des institutions légitimes associant les populations, car la Démocratie est un pas pour la Paix.
- Il faut engager la nécessaire démilitarisation de la vie internationale.
Favoriser le multilatéralisme, en finir avec l’opposition des blocs, impose de réhabiliter la Charte des Nations Unies. Elaborée au sortir de la lutte victorieuse contre le nazisme, au moment où le rapport de forces était le plus favorable aux progressistes, ses principes restent excellents. En revanche, l’Organisation des Nations Unies doit être réformée pour revenir aux principes de la Charte(poids antidémocratique des membres permanents du conseil de sécurité).
- Associer les peuples. La politique étrangère ne doit pas être seulement l’apanage des états, pour éviter l’instrumentalisation d’une ethnie contre une autre. Les citoyen.ne.s feront avancer le respect de l’autre dans sa diversité.
Une France de gauche devrait promouvoir la coopération sans soumission avec les USA : sortir de l’OTAN qui est une organisation toxique et injustifiée puisque le Pacte de Varsovie n’existe plus depuis ¼ de siècle, combattre la prétention des USA à tout régenter(par les accords type TAFTA, par les amendes pour contacts en dollars avec des pays sous embargo US : Iran, Cuba...)
Une France de gauche devrait peser dans l’UE pour changer les rapports avec la Russie et enfin répondre à la proposition russe de 2008 d’un Helsinski II ; elle devrait faire preuve de volonté politique en faveur de la Palestine. Ce sont des douaniers allemands qui ont poussé l’UE à appliquer le refus d’entrée des produits issus des colonies. L’association Couserans-Palestine défend sans relâche les droits des Palestiniens : information, interpellation des élus. Mais la colonisation se poursuit. La France doit cesser de criminaliser BDS ! Il est largement temps de reconnaître l’état palestinien, d’isoler le gouvernement israélien qui ne souhaite pas la paix, et de soutenir les initiatives qui font pression sur Israël.
Une France de gauche doit retrouver le statut de médiateur qu’elle avait dans le passé pour favoriser les solutions politiques et la Paix.
L’Afrique comptera ¼ de la population mondiale en 2050 : cessons de considérer ce continent uniquement comme un marché potentiel avec des couches moyennes solvables et établissons avec lui des partenariats véritables. Cessons d’ignorer des organisations comme la coopération de Shanghai qui regroupe pourtant 3 milliards d’humains(Inde, Chine, Iran, Russie, etc.) pour établir des dialogues politiques, des relations économiques, culturelles...avec tous, indépendamment de tout bloc.
Refondation de l’UE : une ambition énorme.
Il nous faut un projet alternatif, des ruptures fortes avec l’existant(pouvoir totalitaire, « fascisme financier »des lobbies, surtout de l’European Round Table), et une stratégie qui nous permette d’agir.
Depuis 2010, l’UE est en crise, son existence même est pour la 1° fois en jeu. La défiance de masse des citoyen.ne.s envers les institutions, les politiques, les dirigeants, touche partout tout le « modèle européen ». Actuellement, la question est de savoir qui va remporter l’hégémonie culturelle, donc le pouvoir : le pire, les forces nationalistes, populistes, xénophobes qui montent partout en Europe, ou le meilleur , une perspective alternative de progrès social et de démocratie.
Analyser les raisons de la défiance pour déduire ce qui doit changer.
- La question sociale : L’UE est assimilée à l’austérité, au chômage de masse, à la mise en concurrence des travailleurs. L’explosion des inégalités est devenue insupportable, et tout le monde le sait ! Un nouveau modèle social européen, de gauche, rassurera les humains, pas les marchés(éducation, santé, biens communs, Humain d’abord...)Les moyens existent. La commission, non élue, propose, mais le conseil(nos gouvernements nationaux) et le parlement(nos élus) disposent. Les gouvernements nationaux ont ratifié le traité budgétaire, à l’origine des mesures coercitives prises ensuite : ils sont responsables ! Les 80 milliards d’€ versés tous les mois aux banques par la BCE doivent l’ être à un fonds d’investissement créateur d’emplois, pour la formation, services publics, transition écologique. Les traités actuels le permettent. La maîtrise de l’argent, la lutte contre la finance et pour les salaires est au centre de la lutte des classes et du rapport de forces. Nuit Debout se préoccupe de la perspective européenne et prévoit un mouvement international le 15 mai ; tous les pays qui ont connu la domination de la « troïka » connaissent des mouvements politiques forts : c’est porteur d’espoir !
- La démocratie : Depuis 2010, des états pris par les dettes sont mis sous tutelle de la « troïka », les budgets nationaux sont soumis préalablement à Bruxelles, qui se permet des « recommandations » sur les politiques sociales(loi travail, casse retraites...)Une politique européenne est imposée alors que les niveaux de vie sont très disparates. Une UE démocratique doit d’abord respecter les nations, pas pour s’y enfermer, mais pour permettre le débat citoyen sur les grands choix, décider ce qu’on veut faire ensemble, encourager les coopérations sans domination, ce que le PCF appelle une union de nations et de peuples souverains et associés.
- L’éthique : la politique de l’UE est honteuse et inacceptable envers les réfugiés : fermeture des frontières, accords avec Erdogan : c’est un naufrage moral ! Il est urgent de reconstruire un grand dessein mobilisateur ravivant l’espoir initial de l’Europe de paix, porteuse d’un modèle social avancé pour le monde, de nouvelles relations, solidaires avec les pays du Sud. Les pays européens ont plus de voix au FMI que les USA : ils peuvent peser !
Il faut être conscient que ce changement, que soutient le PGE, se fera par un processus très graduel et long. Qu’il nécessitera un rassemblement(des pays, des syndicats, des progressistes...) exempt de tout sectarisme : la cruauté vis à vis de la Grèce le montre. Qu’il impose de mener la bataille européenne en permanence, sur les dossiers du moment : Tafta, directive secret des affaires, travailleurs détachés, autorisation désherbants, etc.
Viviane Baudry CR publié dans le Patriote