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Dimanche 3 décembre : point Proche-Orient

dimanche 3 décembre 2023, par marie

Génocide ? Vente d’armes ? Il parait qu’on a déjà vu ça dans l’histoire : achat d’armes blanches ou à feu, organisation et assouplissement des règles du port d’armes, au vu et au sus de la « communauté internationale » qui ferme les yeux, en encaissant le cash !

Billet originellement publié sur le blog de Mediapart

Le 30 novembre, un attentat revendiqué par le Hamas fait trois morts et plusieurs blessés, à Jérusalem. La police et l’armée interviennent, ainsi qu’un civil, présenté ainsi dans Haaretz le 3 décembre : « Yuval Doron Kestelman, un citoyen courageux qui s’est précipité sur les lieux d’un attentat terroriste à Jérusalem jeudi et a tué les terroristes, a été abattu par des soldats qui sont arrivés sur les lieux après lui. Des erreurs peuvent se produire sur les lieux de tels incidents, par exemple en cas de tir ami ou d’erreur d’identité. Mais ce n’est pas ce qui s’est passé. Kestelman a jeté son pistolet et a levé les bras, ouvrant sa veste pour montrer qu’il ne portait pas d’engin explosif. Il a supplié pour sa vie et a été abattu malgré tout, alors qu’il était clair qu’il ne représentait aucun danger. La mort tragique de Kestelman est due au fait que la personne qui l’a abattu était convaincue qu’il s’agissait d’un terroriste arabe. Mais la véritable raison est la conception selon laquelle un terroriste mérite de mourir et ne peut pas sortir vivant d’un incident. »
Ce n’est pas la première fois que de tels « accidents » arrivent.

La distribution d’armes à feu par Ben Gvir, ministre de la sécurité intérieure, intensifie le problème. Le ministre a organisé un forum durant lequel il a distribué des armes à des civils. Ces Israéliens armés peuvent devenir la cible de leurs propre armée, qui les prend pour des terroristes. C’est la confusion et le chaos, OK Corral, la conquête de l’Ouest. La colonisation, après tout a toujours le même refrain : faire l’impasse de la justice et de l’état de droit, tuer et faire le tri après ! Depuis le 7 octobre, 41 000 permis de port d’armes supplémentaires par rapport à l’année dernière, ont été alloués et des lois sont passées au parlement pour assouplir les conditions du port d’armes.

La femme de Ben Gvir l’explique au journal Haaretz : « Désormais, a-t-elle indiqué, tout citoyen israélien ayant servi dans l’armée dans un rôle de combat lui permettant d’utiliser ce que l’on appelle un fusil de niveau 3 peut "prendre une arme, dans n’importe quel lieu de résidence en Israël, jusqu’à 20 ans à compter du moment de sa libération" de l’armée. Les hommes et les femmes qui ont servi dans l’armée pendant juste un an et qui habitent dans un lieu « éligible » peuvent porter une arme quotidiennement à partir de 21 ans. »
Les candidats au port d’armes reçoivent leurs permis par mail, payent et ensuite vont récupérer leur arme à feu. Plus de 100 000 candidatures, d’après Mme Ben Gvir, sont en attente de traitement...

Armer la population civile peut-il faire parti d’un faisceau de preuves permettant à la CPI et à la cour internationale de montrer l’intention d’Israël de commettre un génocide ? Les génocides n’arrivent pas de manière spontané. Ils se préparent. L’ONU a caractérisé toute une somme d’indices qui comprend notamment l’augmentation des achats d’armes ainsi que l’assouplissement des règles pour transporter ces armes. Dans sa résolution de 2014, l’ONU reconnaît que l’identification des causes profondes et des signes précurseurs du génocide est un élément important de sa prévention.

Campagne de détention de masse en Cisjordanie : la campagne d’arrestation massive s’intensifie depuis la fin de la trêve.

Dans la nuit du 2 au 3 décembre, l’armée occupante a arrêté et emprisonné au moins 72 personnes, dont des femmes, à ash-Shuyukh, Sa’ir, Beit Kahel, Dura, Beit Kahel, Jenin Amr, dans des villages de la province de Ramallah, à Jericho, Bethleem et Jenine. L’une des femmes des personnes arrêtés a été molesté chez elle, des biens ont été détruits (source : WAFA). Les bombent pleuvent sur Gaza. Des milliers de blessés à Khan Younés et à Rafah. La population de Gaza-ville a été déporté, dans son immense majorité, au sud de Wadi-Gaza mais depuis hier matin, l’armée occupante leur a donné l’ordre de quitter l’endroit où ils se trouvent pour aller encore plus au sud, dans un mouchoir de poche qu’ils bombardent aussi, autour de Rafah. Notre contact sur place est toujours à Khan Younés ce matin. Elle a été séparée de sa mère mais est toujours avec sa fille de 7 ans. Elle est paniquée et ne sait plus où aller. L’armée a envoyé des ordres à chacun pour qu’ils aillent se cantonner dans des zones mais c’est la confusion car les ordres doivent être lus à partir d’un QR code et l’accès internet est très restreint.


Appartement de notre amie à Gaza Ville. Elle y vivait avec sa fille.

Situation dramatique pour les déplacés palestiniens de Gaza dans les écoles et les centres d’accueil.

Ziad Medoukh a communiqué hier, d’abord sur la situation humanitaire : « Aucune organisation locale ou internationale ne s’occupe de ces milliers de personnes qui ont perdu leurs maisons suite aux bombardements israéliens. Actuellement, il y a 120 000 déplacés dans 12 écoles et centres d’accueil entassés sans aucune aide matérielle ni nourriture.


Gaza, photo de Ziad Medoukh prise ce samedi 2 décembre 2023.

Mais aussi sur la situation politique : « La situation est abominable. Tous les pays doivent s’y mettre. On ne peux pas laisser Netanyahou mener cette opération d’extermination de la population sous prétexte d’éradiquer le Hamas. Le Hamas ne le sera pas, en revanche, les civils eux seront massacrés ou mourront de leurs blessures, de soif et de faim, ou de maladies. La situation est très grave et d’une urgence extrême. L’aide humanitaire pendant la trêve est insuffisante si cela ne se prolonge pas. Tous les dirigeants doivent avoir une réponse forte à cette situation face à Netanyahou. »

À Jérusalem ce matin dans le quartier de Silwan, des ordres de démolitions ont été donnés.

C’est la maison de Chick Eikrama Sabri, un des imams de longue date de la Mosquée d’Al Aqsa qui a été ciblée. Les permis de construire sont rarement donnés aux Palestiniens de Jérusalem, sinon jamais et c’est sous ce prétexte que la municipalité israélienne a démoli des maisons appartenant à des Palestiniens dans le cadre d’une politique visant à restreindre l’expansion palestinienne dans la Jérusalem occupée.

Dans le même temps, la municipalité et le gouvernement de droite dure construisent des dizaines de milliers de logements dans les colonies illégales de Jérusalem occupée pour les colons israéliens, dans le but de contrebalancer l’équilibre démographique en faveur des colons juifs dans la ville occupée, tandis que les Palestiniens se voient refuser leurs droits de citoyenneté et ne sont classés que comme "résidents" dont les permis peuvent être révoqués s’ils s’éloignent de la ville pendant plus de quelques années. Il faut rappeler que les colons ont la pleine citoyenneté et peuvent en user même à Jérusalem-Est, une partie du territoire palestinien internationalement reconnu qui fait l’objet d’une occupation militaire israélienne depuis 1967.

Au sud Liban, les journalistes d’Orient Le Jour se sont rendues sur place le 26 novembre pendant la trêve.

Ils ont découvert l’impact de plusieurs semaines d’hostilités entre le Hezbollah et Israël sur les villages frontaliers.

Voici leur reportage, qui est en accès libre de droits sur leur site.

Au Liban-Sud, les déplacés reviennent pendant la trêve, la peur au ventre © L’Orient Le Jour

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