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Fédérica Mogherini : Je serais heureuse si, au terme de mon mandat, l’Etat palestinien existait.

lundi 24 avril 2017

‌Je serais heureuse si, au terme de mon mandat, l’Etat palestinien existait.

La Suède a reconnu récemment l’Etat palestinien, d’autres pays en débattent. L’Union pourrait-elle parler d’une seule voix à ce propos ?

Je veux forger une stratégie, une vision et une politique communes mais je connais les limites de l’exercice : la question de la reconnaissance d’un Etat est une compétence des Etats membres… Mais je compte, bien sûr, utiliser le potentiel politique de l’Union dans cette région. C’est pour cette raison que ma première visite sera pour Israël et la Palestine, à la fin de cette semaine. L’action européenne peut y être déterminante à ce moment clé, sans doute le plus difficile que la région ait connu.

Nous aurons une discussion au sein du Conseil sur notre stratégie pour la région – ce qui inclut aussi le monde arabe, le Liban la Jordanie, l’Irak, la Libye etc. Nous pouvons faire partager à ces différents acteurs la perception d’une menace commune, d’un intérêt commun et d’une urgence. Le moment me semble venu de favoriser une approche concertée, incluant la question de la Palestine et des relations entre le monde arabe et Israël. Il sera, en effet, difficile de garantir la sécurité pour ce pays sans un cadre plus large impliquant les pays arabes. Et un accord global de ce type faciliterait la résolution du dossier israélo-palestinien.

En réalité, l’important pour moi n’est pas que d’autres Etats, européens ou non, reconnaissent la Palestine. Je serais heureuse si, au terme de mon mandat, l’Etat palestinien existait.

Concrètement, comment allez-vous aborder ces problèmes ?

L’important est d’abord d’écouter. Il est essentiel que les Etats européens adoptent une initiative commune et parlent d’une seule voix. Je ressens un besoin d’Europe chez les acteurs de la région. C’est le message qu’adressent en ce moment Israéliens, Palestiniens et principaux pays arabes de la région. Je vais vérifier comment nous pouvons mieux assumer notre rôle.

Lire sur Les Décodeurs : Quels pays reconnaissent un Etat palestinien ?

Pourquoi ces dirigeants penseraient-ils ainsi aujourd’hui ?

Plusieurs éléments distincts se mêlent : le processus de paix, l’action de l’Etat islamique, les conflits en Irak et en Syrie, la situation du Liban, de la Jordanie, de l’Egypte, voire de la Turquie. L’Union européenne a la meilleure capacité de compréhension de ces dossiers et la possibilité de les influencer, même si les Etats-Unis jouent naturellement un rôle et que nous entendons collaborer avec eux. J’ajoute que l’Europe ne peut être éternellement le payeur sans jouer un rôle politique. Cela finira par susciter une frustration chez le citoyen contribuable qui, surtout en temps de crise, s’inquiète de la bonne utilisation de l’argent public…

Quel peut être l’effet de la présence de Daesh, le prétendu Etat islamique, dans la région ?

Un effet déstabilisateur pour l’Egypte, les pays du Golfe, l’Irak, la Turquie, voire l’Iran. C’est une menace pour des dirigeants qui n’ont pas nécessairement des intérêts communs. La situation créée par Daesh va aboutir à tester la volonté politique des pouvoirs en place, y compris ceux de Palestine et d’Israël. Les opinions concernées savent que si rien ne bouge, nous aurons un nouvel épisode dramatique à Gaza dans un an, et qu’il pourrait être pire que les précédents.

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